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George KIESS

      Quand les cathares attaquent les templiers...

Campagne, 1242

George Kiess, né à Leipzig, est arrivé à Espéraza en 1948. Fondateur du CERT (le Centre d'études et recherches templières), membre de la SESA (la Société d'études scientifiques de l'Aude) et formé à la paléographie (auprès notamment de Jean Duvernoy), c'est l'un des plus fins connaisseurs de l'histoire des Templiers dans la haute vallée de l'Aude. Ses roboratives Recherches d'authenticité, parues en 2014, en témoignent. 
 

L'une de ses dernières trouvailles réside dans le heurt violent qui a opposé, en 1242, les templiers de Campagne-sur-Aude (Campanha) à une troupe de seigneurs cathares (emmenés par Bernard Othon d'Aniort et Bernard Sermon d'Albezuno). Il éclaire ainsi les relations, méconnues et ambigües, entre les cathares et les templiers dans le Razès, au moment crucial où le pouvoir capétien décide d'en finir avec Montségur (1244) — et sachant que le grand docteur cathare Guilhabert de Castres était à Albésuno (Le Bézu) avant de rejoindre le pog ariégeois. L'intervention de George Kiess sera donc centrée sur l'ancien château d'Albédun, dit Le Bézu, et soi-disant templier, ce qu'aucune mention ne permet d'attester. Le nom du site a été changé (Le Bézu n'était qu'un lieu-dit à l'écart du château) et son identité cathare, effacée au profit d'une identité templière fictive. Une erreur — reprise par l'IGN sur ses cartes ! — qui, elle aussi, pose question : dans quel but mentir ainsi au public ? Nous sommes donc encore en face d'un enjeu de mémoire.

George Kiess a aussi levé un drôle de lièvre, avec un autre coup de force aux implications insoupçonnées. Dans les années 1260, le prieur de l'abbaye d'Alet, Robert, est suspecté d'être cathare et emprisonné dans la tour de Fa. Son remplaçant, Udalguier (Udalger ou Uzalgier), est un Aniort (fils de Géraud de Niort et d'Esclarmonde de Laurac), « caractériel comme tous les Aniort », irréductibles cathares qui n'abandonnèrent jamais la lutte face aux Romains et aux Capétiens. De quoi, ajoute George, « se demander comment ce personnage a bien pu se retrouver prieur, qui plus est au monastère d'Alet, où le climat était plutôt chaud depuis des décennies voire des siècles » — l'abbaye d'Alet faisant l'objet d'incessantes manœuvres de la part des archevêques de Narbonne pour s'en emparer, parfois envers et contre la papauté elle-même... Toujours est-il qu'en 1268, Udalguier monte un petit commando, attaque Fa, brûle le château et délivre Robert. Le tout, dans l'indifférence des Templiers de Campagne (dont la préceptorerie leur a été restituée en 1243). Si la réputation de non-violence des Cathares doit en souffrir, leur ténacité à se maintenir dans certains lieux privilégiés — et à secourir les membres importants de leur communauté — semble du moins à souligner. Cela montre enfin, et une fois de plus, combien la tragédie cathare fut d'abord et avant tout une histoire d'honneur familial et de postérité lignagère.

George Kiess avec un exemplaire du compte-rendu de justice qui a contraint Bernard d'Aniort à restituer le fort de Campanha aux Templiers, sans toutefois le condamner à aucune peine...

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Jeudi 26 à 14 heures

10 €

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